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L’histoire urbanistique à Mons: la Grand-Place

Un dossier réalisé par Philippe Yannart

Photo Pascal Mercier

LA GRAND PLACE (1)

Le bas de la Grand-Plce vers 1900. Carte postale.

Au Moyen-Âge, il n’y avait pas encore de Grand-Place mais seulement « le Markiet »,espace formé par le croisement de l’axe sud-nord (rue de la Chaussée – rue de NImy), et de l’axe est-ouest (rue du Parc, d’Enghien – rue d’Havré) qui se situait devant la porte qui défendait l’accès au noyau primitif de la cité et, au cœur de celle-ci, au château des comtes et aux monastères de Sainte-Waudru et de Saint-Germain (Cette porte du Marché – Porta Fori – construite au XIIe siècle, se trouvait presque au bas de l’actuelle rue des Clercs). Remarquons que le tracé de cet ancien markiet était encore bien visible avant la rénovation de la Grand-Place en 1994-1995.

En clair, le « markiet » tel qu’il existait avant 1348. avant la création du « Grand Markiet ».

En fait, cette Grand-Place telle que nous la connaissons est le résultat d’un des premiers grands projets d’urbanisme intra-muros.[1] En 1348, le pouvoir échevinal, avec l’assentiment de la comtesse Marguerite d’Avesnes, épouse de l’empereur Louis de Bavière, décida l’élargissement de cet espace commercial devenu trop exigu notamment pour les marchés hebdomadaires du vendredi et la grande foire de novembre, mais aussi pour créer de l’espace en face de la « Maison de le Pais », qu’on venait récemment d’installer là, grâce au legs fait par les époux Jean Vilain à la Ville[2] (auparavant la Maison de Paix se trouvait dans le haut de l’actuelle rue de la Coupe). Pour créer cet espace, on procéda tout simplement à l’expropriation de plusieurs maisons qui se trouvaient à l’extrémité de la rue de Nimy. (c’est ainsi que des caves à plusieurs niveaux, comme c’était la coutume à une époque où il fallait prévoir sièges, famines, etc., subsistèrent longtemps sous les pavés de la Grand-Place (Il en existe encore d’aucunes). Des pieux et des poutres du XIVe siècle attestant l’ancienne forme de la rue ont été mis au jour en 1995, lors du repavage de celle-ci). Les travaux durèrent jusqu’en 1356 et donnèrent sa forme définitive à la Grand-Place telle qu’on la connaît encore de nos jours.

Non seulement on créa un nouvel espace, mais l’œuvre de centralisation fut parachevée par la création de nouvelles rues qui mettront cet espace appelé à devenir le centre de la vie de la cité, en relation directe avec les quartiers périphériques : la rue Neuve, en 1454, vers la rue du Parc ; la rue du Miroir, en 1542-1545, à l’emplacement des hôtels du Grand et du Petit Miroir, vers le nouveau marché au Poisson ; la rue de la Clef, en 1577-1580, à l’emplacement de l’hôtel de la Clef, vers le Nouveau Marché (actuel Marché aux Herbes). Voilà pourquoi le Markiet est devenu le Grand Markiet et que notre Grand-Place, qui, soit dit en passant, est une des plus vastes de Belgique, présente cette forme composée de deux polygones juxtaposés.

(à suivre)

[1]Christiane Pierard.

[2]Parchemin avec sceau équestre en cire verte par lequel Guillaume 1er, comte de Hainaut, de Hollande, de Zélande et seigneur de Frise, permet aux échevins d’employer l’héritage légué par les époux Jean Vilain à y faire la Maison de leur conseil. 19 juillet 1323. A.V.M., chartes, 82

Le bas de la Grand-Plce vers 1900. Carte postale.
La Grand-Place vers la rue de Nimy; photo anonyme d’avant 1888.

LA GRAND PLACE (2)

Notre Grand-Place actuelle est d’abord un espace dont l’harmonie provient de l’équilibre de ses constructions où se mêlent, malgré son manque d’homogénéité, les lignes horizontales des corniches, des faîtes des toits et des appuis de fenêtres puis, les lignes verticales des encadrements des baies, enfin les lignes obliques des toits d’ardoises à fortes pentes [1]. Ceci est dû à la croissance multiséculaire de cette place et à la spontanéité de la construction dont l’inspiration s’est développée à partir des réglementations que dictèrent (à partir du XVIe siècle) les autorités communales. Bien sûr, cette inspiration a été influencée par les modes venues d’abord du Brabant et de Flandres puis d’Italie, à la Renaissance, et enfin de France – souvent avec un décalage de 25 à 50 ans. De tout temps, les autorités communales restèrent soucieuses de conserver au Grand Markiet une allure imposante, voir grandiose : un certain équilibre dans les choix des proportions ou des matériaux, pierre, briques ou ardoises, ou encore de la couleur, était exigé, même à propos de transformations.

Toutes les périodes sont représentées avec bonheur sur la Place et font de celle-ci une remarquable représentation de l’évolution de l’architecture montoise durant sept siècles. Á commencer par le XIVe siècle qui voulut son implantation telle que nous la connaissons actuellement, en démolissant les dernières maisons de la rue de Nimy. De cette époque où l’on construisait principalement en bois et en chaume, il ne reste que des caves. Le XVe siècle nous a laissé le bâtiment le plus remarquable : la Maison de Paix, comme on disait alors, c’est-à-dire notre actuel Hôtel de Ville, qui permit à la juridiction échevinale de s’affirmer face aux droits seigneuriaux. Ce qui se confirme par la représentation sur les clés de voûte du porche de scènes où l’on voit, d’abord, des sergents de ville escorter des citoyens puis un tribunal composé d’un juge et de ses assesseurs rendant la justice de Paix face à des plaignants agenouillés accompagnés de leurs avocats, sous la houlette du comte de Hainaut, couronné et muni de son sceptre, entouré de ses conseillers.

Du XVIe siècle, nous reste la maison du Blanc Lévrier à l’entrée de la rue de la Chaussée, avec ses étages en encorbellement. Du XVIIe sont les magnifiques édifices à façade renaissance de la chapelle Saint Georges et de la Toison d’or. Le XVIIIe siècle est le mieux représenté. Commencé en 1691 après les destructions dues au siège de la ville par Louis XIV, il ne finira de s’exprimer qu’en 1815 avec la dernière construction en ce style montois si caractéristique : on lui doit les grandes bâtisses qu’étaient les hôtels de la Couronne Impériale, de l’Impératrice, ou de l’Aigle d’Or, dont les hautes façades où se mêlent en un jeu ravissant la pierre et la brique, s’’harmonisent parfaitement à celles des nombreuses autres demeures privées construites alors. Le XIXe a voulu le théâtre et quelques maisons fort peu attrayantes. Le XXe n’a pas fait mieux, en dehors de deux maisons typiquement « début de siècle » du côté de la rue de Nimy, vingtième siècle qui a affublé la plupart des façades d’enseignes tapageuses et surtout de vilaines terrasses de bois fort heureusement rasées aujourd’hui.

(à suivre)

[1]Christiane Pierard

LA GRAND PLACE (3)

Pour en venir au principal édifice de cette Grand-Place ; avant de posséder un Hôtel de Ville, les échevins de Mons siégeaient au château comtal. C’est en 1288 qu’il est fait mention d’une « Maison de Paix », édifiée à cet endroit alors à front de la rue de Nimy. Puis, entre 1323 et 1348 on construisit une « Maison de Ville » (qui se situait à peu près sur la cour d’honneur actuelle). Plutôt une maison rustique, où régnait une ambiance champêtre si l’on en croît les comptes parvenus jusqu’à nous. Les voici : « En 1367, à la suite du grand vent, il est payé 10 sols à Stièvenart de Saint-Ghislain « pour carpenter par 2 jours à le wardereube et à l’estaule de le maison de le paix ». Étable implique fumier : « À Bataille, pour ouvrer à le maison de le paix à faire 4 murets au fumier et assir hefs (crochets) à mettre eskielles par 4 jours, à 7 sols le jour : 22 s. » (1367). Il règne dans la cour une saleté bien rustique : « À Pierrard Houdde, pour emmencer hors le merde qui estoit aval le court de le maison de le pais à 8 sols le jours : 4 l. 8s. ». Derrière la maison, sur le courtil, les orties, qui manquent rarement derrière une ferme dans l’un ou l’autre coin : « À Jehenne de Rayme, pour copper et roster les orties de derrière le cambre dou conseil de le maison de le paix , 2 s. ». Comme tapis, à la chambre du conseil, de la paille ! « À Jehan Lardiot, pour 6 buissons d’estrain pour estendre en le cambre dou conseil de le maison de le paix et en loge de devant : 12 d. (1384). ». Les cantonniers balayent cette luxueuse salle : « As wardes des ruyelles, pour ramoner le cambre de le maison de pais … » (1365).

Tout un verger s’étendait derrière la Maison de la Paix, avec des vignes, des poiriers, des pommiers, des nèfliers : « Pour 96 que verghes que stakes pour refaire et drechier les vingnes de le maison de le pais, pour l’amener et pour 4 ouvriers ki ouvrèrent 8 jours, et pour 20 fais de tillus et pour claus : 42 s. 11 d. » (1308). C’est un petit vignoble à tonnelles, et non à échalas : « à un estraigne homme, pour 20 entes, pour le gardin de le maison de le pais, accatées par Gillot Ghouches : 20 s. » (1365). « À Fastret le Hérut, pour 20 arbres pumiers et poiriers, et pour 20 nespliers plantés au gardin de le maison de le pais : 54 s. 4d. ».

Si notre maison de la paix avait l’aspect d’une ferme plus que d’un hôtel, il ne faudrait cependant pas croire que les administrateurs d’alors étaient de vulgaires rustres ; loin de là ![1]

(à suivre)

[1]Paul Heupgen, viéseries . Journal « La Province » du 29 février 1929.

LA GRAND PLACE (4)

Après l’ouverture du « Grand-Markiet » un nouvel hôtel de ville est édifié de 1458 à 1467. C’est ainsi que la façade ouverte sur la Grand-Place présente un magnifique aspect du gothique fleuri du XVe siècle, avec ses arcs brisés et son décor de chou frisé et d’arcatures plaquées et aveugles[1], et s’il y a une ressemblance manifeste avec l’hôtel de ville de Louvain, c’est parce que l’on fit appel au même architecte, Mathieu de Layens, pour superviser les travaux. Tout avait bien commencé, mais, malheureusement, des événements politiques et militaires freinèrent puis arrêtèrent l’édification : entre autres, une aide réclamée par Philippe le Bon pour financer une croisade contre les Turcs, ce qui mit les ressources financières de la ville dans l’impossibilité de poursuivre les travaux. Enfin l’explosion le 17 septembre 1477, du magasin à poudre de l’arsenal situé juste derrière (six personnes périrent) provoqua de gros dégâts au bâtiment encore en construction, dégâts qu’il fallut réparer. L’argent vint donc à manquer, l’hôtel de ville ne fut jamais achevé.

Il aurait dû compter un second étage. Construction qui a été amorcée mais non terminée. Les témoins, d’ailleurs, de cet inachèvement sont nombreux : départ des tourelles d’angle avec marches ; soubassement de dix fenêtres avec siège en vis-à-vis, disposées dans ce qui est actuellement le grenier ; mur du grenier non monté jusqu‘à la charpente ; dernière marche du grand escalier à vis desservant les étages se terminant dans le vide ; fenêtre inachevée dans la tourelle de l’escalier et présence de la poulie monte-charge sous la toiture provisoire de celle-ci.

Sur les gravures anciennes, avant que le campanile ne soit édifié, on voit que la toiture comportait deux rangées de lucarnes placées en quinconce. Une horloge à double cadran et deux « atlantes » en occupait le centre. Dessous, la façade s’ornait d’une « bretèche ou bretèque » en pierre. Elle était ornée de deux lions tandis qu’une vierge à l’enfant occupait le trumeau central. Cette « bretèche » se terminait en dessous par un fleuron que l’on peut encore voir aujourd’hui. La façade comporte onze niches à l’étage et neuf au rez-de-chaussée, qui sont toujours restées vides. Comme dit Georges Heupgen dans ses Viéseries, l’effet eut été superbe si, comme à Louvain, elles eussent été garnies.

Au rez-de-chaussée, la baie située à droite du porche comportait le pilori ou guersillon, avec ses deux anneaux où l’on attachait le condamné. Au-dessus de la porte à l’extrême gauche, une statue équestre de Saint Georges marquait l’entrée de la chapelle qui, jusqu’en 1598-1601, était située à l’arrière de cette aile.

(à suivre)

[1] Christiane Piérard. Mons, l’hôtel de ville et la vie communale

Départ de tourelles qui devaient garnir les coins de l’édifcice.
Culot de l’ancien balcon (bretèque) de l’Hôtel de Ville
Décoration initiale de la façade de l’Hôtel de Ville avec à gauche l’entrée de la chapelle St-Georges.
Escalier inachevé au niveau du 2e étage. Poumie servant à monter les matériaux de construction

LA GRAND PLACE (5) L’HOTEL DE VILLE

Projet de campanile pour l’hôtel de ville.
Projet de remplacement de la façade de l’hôtel de ville par Henri Fonson. BUMons.

Plus tard, dans les années 1716-1718, le Magistrat eut l’idée, pour compenser l’absence d’une tour comme à Bruxelles, ou de flèches d’angle comme à Louvain, et sans doute pour en imposer davantage, d’ajouter un campanile. Mais voilà, celui-ci fut construit dans le goût du temps, c’est-à-dire dans le style renaissance, style qui n’a plus rien avoir avec celui d’origine (architecte François Thiroux et Jacques Caffiaux, pour les sculptures du dôme). Constitué d’une charpente compliquée couverte d’ardoises et de plaques de cuivre patinées par le temps, ce campanile, manifestement disproportionné (bien qu’allégé en 1951) écrase – au propre comme au figuré[1] – la construction gothique du XVe siècle, mais, il faut le reconnaître, il reste néanmoins, à lui tout seul, un bel exemple d’architecture du XVIIIe siècle.

En fait, François Tiroux était l’entrepreneur chargé de l’entretien des charpentes de l’Administration de la Ville. Le 11 février 1716, donc, le Conseil décida de faire ériger un « dôme » sur l’Hôtel de Ville, et les maîtres des ouvrages voulurent contraindre Tiroux à construire le dôme au prix forfaitaire du travail d’entretien ; mais Tiroux protesta. Enfin, après discussions, le 18 mai 1716, il accepta de construire le dôme : mais il n’y mit aucun empressement, au point que le 3 avril 1717, sommation lui fut faite d’avoir à le terminer. Ce qu’il fit apparemment sans tarder, car les comptes annoncent que la peinture fut appliquée sur les boiseries en 1717. Notons au passage que Tiroux avait remis les travaux de sculpture à Joseph Cafiaux, pour 337 Livres.[2]

Mais, ce dôme fut bientôt menacé de disparition. Le 25 août 1766, à la demande des États de Hainaut, Henri Fonson, architecte montois réputé, remit « un devis de la dépense pour la démolition du dôme, charpente, et façade du bâtiment à front de la place de l’hostel de ceste ville, ainsi que la charpente et façade de la chapelle Saint-Georges, pour ensuite reconstruire les-dites façades et charpentes, conformément au plan de la décoration fait pour l’hostel des états que l’on se propose de bâtir »[3]. Le projet, d’un beau style Louis XVI mais sacrilège quant à la façade tout au moins, ne fut heureusement pas exécuté.

(à suivre)

[1] Bien que consolidée en 1878, la charpente a tendance à ployer sous le poids du campanile. Rien que la cloche dite la « Bancloque » qui s’y trouve pèse 800 KG

[2] A.C.M. n°2075.

[3]A.E.M. États n° 819-820.

Le campanile de l’hôtel de ville et le locher de Ste-Eisabeth.
La « Bancloque » dans le campanile de l’hôtel de ville.

LA GRAND PLACE (6) – L’HOTEL DE VILLE

Horloge, cadran solaire et indiateur ds phases de la lune du campanile de l’Hôtel de Ville

En 1767, on commença le rajeunissement de cette façade, en réparant le cadran de l’horloge : « le 1er octobre 1767, le sieur Louis Joseph Delcourt, bourgeois de cette ville de Mons, s’est engagé, comme par cette il s’engage, envers du sieur le Mayeur, maître des ouvrages, de former à nouveau les chiffres et ornements du cadran solaire, dorer à l’or dur (sic), et au plus solide possible les chiffres et points qui annoncent les demies heures des quatre cadrans du befroy de l’hôtel de la dite ville, ainsi que la mi-partie du globe qui représente les variations de la lune, et retoucher en couleur noire l’autre mi-partie du dit globe : parmi le prix de 148 L., une fois toutes livrances de bonnes matières, peines et façons d’ouvriers à sa charge, le tout endéans le 15 du présent mois. »[1]

Ancienne horloge de l’Hôtel de Ville encadrée de deux atlantes.
Guersillon acruellement remplacé pra une porte d’accès à la salle des Sacquiaux

L’année suivante, 1768, on passe aux façades. La soumission de l’entrepreneur est fort complète : « le 27 avril 1768, Louis Joseph Cambier, maître maçon de cette ville, s’est engagé et obligé sur la loi de cette ville, comme par cette, il s’engage vers le maître des ouvrages à ce spécialement autorisé de messieurs du magistrat par appointement du 26 courant, de vider les joints des maçonneries en briques des fronds tant de l’entrée à la chapelle échevinale, que celui de l’entrée du comptoir aux impôts sur le vin. (remarquer que l’on ne dit pas « Toison d’Or ».) Les plâtrer ensuite au gris et blanc de Soignies ; gratter les pierres de taille pour que, nettoyées et lavées, elles puissent être colorées à l’huile de lin avec couleur gris de perle, après que les joints auront été grattés et remplis de ciment bleu ; colorer de deux couches de même couleur gris de perle les châssis, portes et fenêtres de ces deux fronts. Nettoyer autant qu’il sera possible le front de l’hôtel de ville, pour que les joints remplis, il puisse être aussi coloré en couleur gris de perle avec l’huile de lin ; ainsi que les ornements de sculpture, tant ceux qui existent que ceux qui, pour avoir été mis en pierres blanches, sont détachés en partie ; les restes desquels, il retouchera pour les faire accorder autant que faire se pourra avec les parties d’ornements contigus. Et colorer les châssis, portes et fenêtres de tous les étages de deux couches d’huile de lin avec couleur brunoque. Le tout endéans le 20 de may prochain, au dire d’experts à choisir de main commune, en cas de mécontentement. Parmi le prix et somme de 600 livres. »[2]

Bretèque de l’Hôtel de Ville
Culot de lancienne bretèque de l’Hôtel de Ville

Mais il y eut d’autres transformations qui changèrent encore son aspect : D’abord, la bretèche (ou bretèque) fut enlevée et remplacée en 1777 par un balcon en fer forgé, que l’on doit à Alexandre Ghienne (à qui l’on doit, avec un certain Midavaine, le car d’or actuel) et Denis Ansiau. Seul le culot de celle-ci subsiste à la pointe de l’ogive de la porte principale.

En 1793, tous les emblèmes et écussons furent enlevés par les sans-culottes. Entre 1820 et 1830, les édiles firent remplacer la dizaine de lucarnes étagées sur la toiture par un seul rang de quatre lucarnes de bois ; démonter les meneaux de pierre de l’étage qui furent remplacés par du bois peint ; enlèvement, aussi, de la partie supérieure sculptée des dais de pierre de la façade. Vers 1823 on supprima les guersillons (anneaux du pilori) et on ouvrit la baie pour y placer une porte et un escalier descendant sur la place. Par symétrie on fit de même de l’autre côté pour donner accès à la salle occupée par la Grand-Garde (jusqu’en 1896).

En 1919, le balcon en fer forgé fut remplacé par un nouveau, sorti de l’atelier du ferronnier montois Edmond Veuchet, et offert par le député Jules Carlier à l’occasion du 25eme anniversaire administratif du bourgmestre Jean Lescarts.

(à suivre)

[1]A.C.M., n°1897.

[2] A.C.M n°1897.

Escalier d’accès à la Grand-Garde symétriquement disposé de part et d’autre du porche.

LA GRAND PLACE (7)

Copie en bronze de la serrure de la grand-porte de l’Hôtel de Ville.

Un autre élément digne d’attention est la serrure de la grande porte. Elle représente fidèlement les armoiries de la ville avec son chien assis sous la herse. A côté se trouve le heurtoir en forme de tourelle articulé, au-devant d’un délicat pignon à pinacles et arcatures gothiques. Ce marteau est particulièrement étonnant : au sommet, un personnage dont on fait soit un page, un chevalier, ou encore un échevin, lisant au public une ordonnance communale, mais que l’on pourrait tenir, à l’instar de Paul Heupgen, pour un ange avec deux ailes dans le dos. Il suffit de se pencher un peu sur le côté pour les distinguer. Mais ce n’est pas tout, si on le soulève, on découvre que le bas du heurtoir représente une tête de dragon très réaliste. On est bien à Mons. La serrure originale en fer forgé a été remplacée par une réplique en bronze, en 1877 à l’instigation du Cercle Archéologique de Mons. La serrure originelle est conservée à l’Artothèque. Heureusement, car la réplique a été vandalisée en 2004 et a perdu le petit chien, symbole de fidélité et d’obéissance, occupant l’entrée de serrure (elle a été restaurée depuis et le chien a retrouvé sa place).

Vue de côté de la serrure de la grand-porte de l’Hôtel de Ville. La tête de dragon et le messager.
Serrure originale de l’ grand-porte de l’Hôtel de Ville à l’Artothèque.

Pour revenir aux grands travaux dont l’Hôtel de Ville fut l’objet, notons la restauration, en 1866, de la grande salle, dite autrefois de Notre-Dame en raison de la présence d’une statue de la Vierge sur le trumeau central, dans le fond de la bretèque, mais qu’on appelle, aujourd’hui, « salon gothique » en référence au style fort prisé à l’époque dans lequel elle fut rénovée mais de façon assez peu convaincante. Ajoutons les travaux de restauration de la façade, des charpentes et du campanile entamés en 2021 qui sont toujours en cours.

En 1896, les autorités communales, en accord avec le Département de la Guerre, reprirent possession de l’aile gauche du bâtiment depuis longtemps occupé par un poste militaire appelé La Grand-Garde. En conséquence, la fenêtre attenante au porche qui avait été convertie en porte pour donner accès au local des officiers, fut rétablie dans son état primitif, et le perron élevé sur un escalier de quatre marches qui y donnait accès fut démoli. Selon Clément Stièvenard, la disparition de l’escalier fit apparaître des scellements dans la pierre qui permettraient de supposer l’existence antérieure d’une structure métallique qui aurait très bien pu être un pilori faisant pendant à celui se trouvant de l’autre côté du porche et qui, lui, est bien attesté. Mais, il s’agirait d’un pilori pour enfant. On sait, en effet, que dans l’ancien régime, les parents pouvaient infliger à leurs enfants indociles une punition publique en les exposant « à la honte ». Ce qui expliquerait l’existence du singe, symbole d’un certain ridicule, et notamment du petit pont fixé au socle qui devait probablement recevoir la chaînette maintenant le prisonnier en place. Ne disait-on pas encore au début du XXe siècle : « Si tu n’es nié sage, ej’ te meinerai au sinche du Grand’Garde ». C’est lors de la construction de cet escalier menant au corps de garde que la statuette fut déplacée sur la base de la colonnette où elle se trouve toujours[1].

(À suivre)

[1]Clément Stiévenart. Notes et Souvenirs d’un Vieux Montois. Ed. De la Vie Wallonne. Liège. 1925.

Le Singe du Grand-Garde sur sa colonette.
Salon «  »gothique » de l’Hôtel de Ville
Façade de l’Hôtel de Ville avec l’escalier d’accès à la salle occupée par la Grand-Garde jusqu’en 1896

LA GRAND PLACE ( 8 ) – L’HOTEL DE VILLE

Bâtiment administratif vu du Jardin du Mayeur

Au-delà de la cour d’honneur, des bâtiments du XVIe siècle abritent une partie des services administratifs de la Ville. Derrière ceux-ci s’ouvre le « Jardin du Mayeur », espace vert au centre de l’îlot de l’hôtel de ville dont l’aménagement n’eut lieu qu’en 1930.

Au fond de celui-ci a été construit en 1848 par l’architecte Sury, selon le goût du jour, c’est-à-dire en néo-gothique, le nouvel arsenal (en remplacement de l’ancien qu’il avait fallu démolir pour permettre la construction, en 1841, du nouveau théâtre). Remarquons qu’au moment de la grande Foire de novembre, sous le régime hollandais, cet arsenal et l’Hôtel de Ville servaient à abriter les plus belles boutiques où le beau monde se donnait rendez-vous de onze heures à treize heures, et la bourgeoisie de dix-sept à 19 heures. Par contre, ce nouvel arsenal ne servait qu’à contenir le matériel d’incendie de la ville, mais aussi les voitures servant aux transports funèbres, service qui avait été monopolisé par la ville en 1890. Au début, il renferma également (à l’étage) les collections du musée d’Histoire Naturelle et, jusqu’en 1926, les bureaux de l’état civil. Ce bâtiment a fait l’objet en 1929 d’une démolition partielle suite à la décision d’aménager le jardin d’agrément à l’arrière de l’hôtel de ville (1930). Par la suite et pendant de nombreuses années, il a aussi abrité les studios de Radio-Hainaut. Actuellement il abrite l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie (OCRW)

L’arsenal des sapeurs-pompiers, vers 1894, au fond du Jardin du Mayeur. Photo du Guide du Touriste .1904.

Sous les noms de salle Saint-Georges et de la Toison d’or, on désigne les deux bâtiments situés de part et d’autre de l’hôtel de ville, communiquant avec lui par les étages. Ils sont construits dans le style renaissance du XVIIe siècle. Antérieurement, la chapelle échevinale de Saint-Georges était placée dans l’hôtel de ville même. La porte d’entrée de cette chapelle était surmontée de l’image du saint à qui elle était dédiée, comme on le voit sur une ancienne gravure de Pierre Devel. Seuls quelques vestiges de cette chapelle primitive sont visibles dans le bureau d’apparat du bourgmestre. Elle abritait la confrérie de Saint-Georges fondée en 1382 par Guillaume d’Ostrevant.

La chapelle que nous connaissons aujourd’hui a été construite en 1601.Elle servait d’oratoire échevinal où l’on célébrait la messe à l’usage des ouvriers et du Magistrat. Celui-ci pouvait assister à l’office religieux sur un jubé auquel on avait accès par le salon des États. Il a été démoli vers 1880, on ne sait pour quelle raison car c’était une œuvre de style renaissance assez pure. La chapelle fut supprimée en 1797 et les objets du culte furent fondus en lingots et vendus. Sous le gouvernement hollandais, elle fut consacrée au culte protestant. Depuis elle sert de salle pour des manifestations de tous ordres.

La Toison d’or, anciennement « Maison du Noble », tire son nom actuel de la décoration d’armoiries entourées du collier de l’ordre de la Toison d’Or figurant sur la façade. Elle avait été acquise en 1743 par le Magistrat pour agrandir l’hôtel de ville tout au moins sur l’arrière, car les parties avant continuèrent d’être louées. Avant 1892, elle servit notamment, les jours de grande affluence, d’annexe au débit de boisson à l’enseigne du « Café du Commerce » qui occupait la maison voisine, dite de St Christophe. (On voit bien les tables et chaises qui composent la terrasse de l’établissement sur le document ci-contre). Avant cela, cette dernière avait été occupée par un commerce d’estampes. Jusqu’en 1966, la salle de la Toison d’Or abrita un poste de police, qui céda, lui-même, la place à l’Office du Tourisme de la ville, devenu « Visit Mons ».

(à suivre)

Vue de la Grand-place avec les façades renaissance de la salle Saint-Georges et de la Toison d’Or. Carte postale des années 1890.

LA GRAND PLACE (9) – L’HOTEL DE LA COURONNE

Cartes de porcelaine (1840 – 1860)

A gauche de la salle Saint-Georges, se trouve l’ancien Hôtel de la CouronneImpériale. Cette enseigne est connue depuis 1713. Le bâtiment, lui, fut construit vers 1766 par le sieur Faider, propriétaire, sur les plans de l’architecte Charles-Emmanuel Fonson. C’est une belle illustration du style Louis XV. La différence de niveau dans la toiture visible sur le document ci-joint s’explique par le fait qu’à l’origine il y avait entre l’hôtellerie et la chapelle Saint Georges une maison qui a été incorporée dans la façade entre 1782 et 1820. De même, en 1820, le maître des Postes Gondry, propriétaire de la « Couronne » fit l’acquisition de la maison située de l’autre côté et fit reconstruire la façade de celle-ci de la même manière que la façade principale, ce qui explique l’asymétrie de la façade et le léger angle qu’elle forme sur la gauche.

Cartes de porcelaine (1840 – 1860)

Cet hôtel servait de relais de la diligence qui joignait Paris et Bruxelles et l’on voyait régulièrement y descendre des gens importants de passage : l’empereur Joseph II y donna, le 7 juin 1781, audience aux notabilités montoises. Le prince Charles de Ligne, jeune officier en garnison à Mons y eut une intrigue avec une belle aventurière anglaise. Le comte de Fersen, amoureux de la reine Marie Antoinette, y passa la nuit lors de la fuite de Louis XVI et de toute la cour. Louis XVIII, encore comte de Provence, fuyant Paris et la terreur révolutionnaire, y logea dans la nuit du 21 au 22 juin 1791. Il y revint plus tard lors de son retour d’exil, après les 100 jours, avant de rentrer en France. En 1814, le prince d’Orange et le duc de Wellington y logèrent, puis, en 1815, l’empereur Alexandre de Russie avec les grands ducs, puis à nouveau, en octobre 1818, l’empereur de Russie et son frère le grand-duc Constantin ; toujours en 1815, en novembre, le roi de Prusse. Le 9 août 1831 les ducs d’Orléans et de Nemours, ainsi que l’état-major du général Gérard, venant au secours de l’indépendance de la Belgique. Victor Hugo, bien sûr. Enfin, le prince impérial français, fils de Napoléon III, en 1870.

Cartes de porcelaine (1840 – 1860)

Mais le développement du chemin de fer entraîna le déclin de l’hôtel, Mons n’était plus ville d’étape et de relais, les affaires périclitèrent et le dernier propriétaire, M. Faider, vendit en 1899 le bâtiment à l’école Supérieure Commerciale et Consulaire (ancêtre des Fucam), cédant une partie du rez-de-chaussée qui fut transformé en café dénommé « Bavaro-belge » tenu par A. Deladrière.

L’hôtel de la Couronne fin XIXe siècle

Pendant la guerre de 14, l’armée allemande installa dans l’ancien hôtel les bureaux de son administration des mines ainsi que le poste d’étape. Á l’armistice, l’école repris son bien et le café, désormais tenu par Charles Matheys, puis sa veuve, devint « Canado-belge ». Á nouveau, en 1940, l’armée allemande y installa divers bureaux puis ce fut le tour des américains. Fort délabré, le bâtiment fut remis en état par son propriétaire et la façade complètement rénovée (disparition du café) retrouva son harmonie (1950). Á remarquer que depuis, la toiture n’a plus qu’une unique pente, la façade arrière, la cour, les caves ayant été supprimées pour être rebâties à neuf. L’école Commerciale et Consulaire s’y maintint jusqu’en 1970 date à laquelle l’édifice fut occupé par la Cour d’Appel de Mons.

L’hôtel de la Couronne début XXe siècle
L’hôtel de la Couronne début XXe siècle
Le café Bavaro-Belge vers 1990
L’hôtel de la Couronne devenu l’Ecole Consulaire, début XXe siècle
L’ancien Hôtel de la Couronne après la dernière guerre. Tombola pour la reconstruction de la ville

LA GRAND PLACE (10) – LE THEATRE

Le théâtre de Charles Sury.1841.

D’un style néo-classique, il fut construit en 1841-1843 selon les plans de l’architecte de la Ville, , avec les deniers de la caisse communale. Auparavant à cet endroit, il y avait l’entrepôt des taxes communales, l’Académie de Dessin, un atelier typographique et un café. Cette construction avait été rendue nécessaire suite à l’incendie, les 27 et 28 février 1839, du théâtre de la rue des Tuileries qui était à cette époque la seule salle de spectacle digne de ce nom.

La Grande Boucherie dont l’étage servit de théâtre. 1589-1842
Ancien théâtre de la rue des Tuileries. 1805-1841

Mais reprenons au début : le premier théâtre qui fut à Mons a été installé au premier étage de la Grande Boucherie. Ce bâtiment de style renaissance, surmonté d’une toiture espagnole, construit à partir de 1589 en pierres d’Ecaussines, était situé à côté de la maison faisant le coin de la Grand-Place et de la rue de la clef. En fait la salle de l’étage servait de lieu de réunion pour le serment des escrimeurs de Saint-Michel, et c’est à l’initiative de ceux-ci et plus particulièrement de leur grand-maître Léopold Bonacueil qui y fut installée cette première salle de spectacle. Les travaux d’aménagement, entrepris sous la direction de Pierre-Joseph de Bettignies (1702-1778), consistèrent en la création d’un parterre, d’un amphithéâtre, d’un paradis et de 27 loges de six places chacune. En 1763, Bonacueil rachetait la salle et en devenait ainsi le seul propriétaire. Les œuvres alors représentées appartiennent essentiellement au domaine lyrique ou sont des pièces d’auteur montois.

A l’époque où fut installé le théâtre, cet édifice était déjà vétuste et dangereux, dépourvu d’issue de secours[1]. L’accès, comme la sortie se faisait par un escalier étroit en colimaçon, et la porte de cette sortie donnait sur la rue de la Clef dans laquelle les voitures devaient se placer toutes à la file (cet accès à la salle de spectacle est toujours marqué, de nos jours, par une clé de linteau aux armes de la ville).

En 1787, une première demande de la part d’amateurs de théâtre pour construire une nouvelle salle fut éconduite par les autorités. Après l’invasion française, une nouvelle société de rentiers présenta en 1802 une nouvelle demande pour l’établissement d’un théâtre à la place Verte (actuelle place du Parc) au coin de la rue des Marcottes. Les plans réalisés par l’architecte Ouvertus présentaient une façade principale comportant un péristyle formé de Huit colonnes ioniques soutenant un entablement et dans lequel s’ouvraient trois portes et cinq fenêtres. Mais le projet fut abandonné car la société se décida dans l’intervalle à faire l’acquisition de l’ancien couvent des Oratoriens, rue Grande, dans l’intention d’y faire bâtir le théâtre projeté. Mais, à nouveau, l’on ne sait pour quelle raison, la société d’amateurs ne tarda pas à abandonner à son tour cette idée pour finir par construire son théâtre sur l’emplacement de la caserne du Pavillon, rue des Tuileries[2]. La première pierre fut posée le 15 octobre 1805 (architecte Jeanson) et l’édifice, bien moins grandiose que celui de l’architecte Ouvertus, fut inauguré en 1807. Il comprenait deux rangs de dix-sept loges et de quatorze baignoires. La période française (1794-1814) contribua au développement de l’art dramatique et surtout lyrique, avec l’influence prépondérante de Paris.

La salle de la Grande Boucherie qui avait été rachetée en 1805 à la veuve de Bonacueil ayant vu son activité diminuer en raison de cette nouvelle concurrence, fut abandonnée en 1825. Le bâtiment, devenu branlant et dangereux, fut la proie des flammes le 27 février 1839, un peu avant minuit, laissant les Montois sans salle de spectacle malgré une tentative de restauration. II fut démoli en 1842 pour être remplacé par deux maisons de commerce. C’est pourquoi le Conseil Communal accepta, la même année, le projet d’édifier une nouvelle salle de spectacle sur un terrain appartenant à la Ville, au coin de la Grand-Place et de la rue Neuve.

(à suivre)

[1] René Plisnier in Images de Mons en Hainaut. La Renaissance du Livre. 2006.

[2] Ernest Matthieu in Acam tome XXXVI. 1907. P281.

LA GRAND PLACE (11) – LE THEATRE

Le théâtre vers 1935. Photo Tournay. Ed. Messiaen. FAPMC

Pour construire ce nouveau théâtre, il fallut démolir le bâtiment abritant l’Académie de Dessin ainsi qu’un dépôt communal, un atelier typographique appartenant aux frères Tarot et le café tenu par un certain Botte. Ce qui fut chose faite rapidement. Il fallait, en effet, redonner de toute urgence aux montois, grands amateurs d’opéras, de comédies et de drames, la possibilité de paraître en société. Les plans de Charles Sury, architecte de la Ville, et son associé Van Gierdegom furent acceptés le 10 avril 1841. Le théâtre, de style néo-classique, fut construit par l’entrepreneur bruxellois Jean-Baptiste Deffaux, et inauguré le 19 octobre 1843[1]. C’est celui que nous connaissons toujours.

À cette époque, la salle était prévue pour 1.044 personnes et il s’y donnait trois à cinq représentations théâtrales différentes par an. Elle était flanquée d’une belle salle de concerts où se donnaient les fêtes organisées par la Société des Concerts et Redoutes, elle-même héritière de la Société du Concert Bourgeois, fondée en 1759. On y donnait périodiquement, en plus des concerts, des fêtes dansantes très prisées à l’époque, qu’on appelait les « redoutes ». On y dansait également au cours de bals masqués donnés à l’occasion du carnaval et à la mi-carême.

La salle, de type « à l’italienne », toute décorée de rouge et de dorures, formait un hémicycle dont le plafond présentait des panneaux représentant les allégories de la tragédie, de la comédie et du vaudeville et quatre panneaux figurant les saisons. Bien entendu, au cours du temps la décoration intérieure fut plusieurs fois changée. Pour ce qui est de l’extérieur, la toiture d’origine en bâtière disparut en 1938 pour être remplacée par une toiture plate lors de la démolition de la salle du Grand Théâtre. Á cette époque, en effet, la salle avait grand besoin d’être reconstruite complètement pour des raisons de sécurité. Les travaux, commencés en 1939, furent interrompus par l’occupation du pays par les Allemands et le théâtre resta dans cet état durant toute la guerre. Ils reprirent après celle-ci et la nouvelle salle, qui compte maintenant 1287 places, fut inaugurée le 4 octobre 1948. (Architectes Govaerts et Van Varenberg).

Terrasse du « café du Nord » à droite de l’entrée du théâtre. Photo anonyme. FAPMC.

Si on regarde bien le document ci-contre, on verra qu’à l’époque il n’y avait pas d’escaliers donnant accès au péristyle, mais que les portes descendaient jusqu’au niveau du trottoir, particulièrement, celle de droite qui descendait un peu plus bas que les autres. Ceci parce qu’on avait aménagé au travers de celle-ci, sous la galerie, une voie carrossable aboutissant à la rue Neuve afin de permettre aux spectateurs de descendre de voiture à couvert, l’entrée proprement dite du théâtre se trouvant en retrait d’une trentaine de mètres par rapport à la façade à front de la place. Ces magnifiques portes métalliques, dues au sculpteur Emile Hoyaux, sont ornés de médaillons présentant le profil de Racine, Molière, Grétry et Roland de Lassus, en plus des armes de la ville. Rappelons aussi la sculpture allégorique en stuc due à Emile Hoyaux, architecte communal, qui ornait le tympan du fronton, mais qui s’est écroulée en 1960.

De nouveaux travaux furent entamés de 1997 à 2006 pour mettre le théâtre en conformité avec les standards actuels. A cette occasion les façades qui avaient été décapées lors des travaux de 1939-40 ont été réenduites telles qu’à l’origine. Suite à une bourrasque qui arracha en 2011 la toiture – alors en rénovation – une nouvelle couverture plus conforme à celle d’origine a, depuis lors, été apportée.

Au début du XXe siècle, des cafés servant de local à différentes sociétés flanquaient les portes du théâtre. A gauche le café du « Petit Bonhomme », puis « Á la Bourse », devenu après la dernière guerre, le bureau de l’Office du Tourisme de Mons, puis le bureau de location du théâtre ; et à droite, le « café du Nord », alors siège du Théatre Wallon Montois . Ce café était tenu depuis 1892 par un certain Wyen Herman, puis de 1910 à 1936 par Adelson Lecomte et son épouse Palmyre.

[1] René Plisnier. Op. Cit.

Café « Á la Bourse situé » à gauche de l’entrée du Théâtre . Photo anonyme. FAPMC.
2023

Source : groupe Facebook des Montois Cayaux

(20+) L’Association des Montois Cayaux | Facebook

Auteur Philippe Yannart

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