Sélectionner une page

Des enseignes remarquables à Mons par Philippe Yannart

Philippe Yannart est ingénieur en sciences nautiques et fut officier de marine marchande de 1969 à 1976, avant de réintégrer l’entreprise familiale spécialisée dans le commerce du bois et portée par cinq générations. Ex gérant de société , il a trouvé pourtant le temps pour s’investir dans diverses associations telles que le Cercle archéologique, la Maison de la Mémoire ou les Montois-Cayaux, dont il est maintenant le président, pour écrire en patois, donner des conférences sur sa ville natale, rédiger des notices historiques et écrire divers ouvrages consacrés à Mons et à son passé. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dédiés à la Cité du Doudou : Mons en Images à la Belle Epoque, Mons, moi, je connais, Le Secret du Gouverneur de Mons, Les Enseignes montoises, A Mons avant la Grande Guerre, Mons la septième Porte, l’épée de l’Empereur, Pourquoi la tour de sainte-Waudru… histoire de la collégiale sainte waudru.
CES TÉMOIGNAGES DU PASSÉ ONT UN GUIDE
« Les enseignes remarquables de Mons, anciennes et modernes »
L’association des Montois-Cayaux a publié un guide sur les enseignes montoises qui vous permettra de découvrir sur place ces superbes enseignes dont la ville s’est parée au fil des siècles.
D’un format étudiél : 280 x 130 mm
Léger : 90 pages
Illustré : 123 illustrations commentées, classées par thème
Documenté : Leur histoire, par Philippe Yannart
Pratique : un plan de la ville permettant leur localisation
Disponible : dans toutes les bonnes librairies montoises et auprès de montois.cayaux@gmail.com o
Idéal : pour organiser des balades entre amis.
http://www.lesmontoiscayaux.com

LES OBJETS

ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 1 :

Les enseignes sont avant tout un moyen de communication destiné à signifier le rôle et la place que le commerce qu’elles représentent joue dans la cité. Autrefois, elles étaient largement répandues dans nos contrées ; elles constituaient alors la seule espèce de publicité commerciale qui existât. Elles devaient être particulièrement expressives – et à tout le moins susceptibles de frapper les imaginations pour être retenues – dans la mesure où elles s‘adressaient à des clients ou à des utilisateurs qui, pour la plupart, étaient analphabètes. (d’après Albert Liénard, dans Enseignes Images de pierre, aux Editions du Perron. 1991.) Léopold Devillers disait, en 1859, que les enseignes d’autrefois étaient en quelque sorte des noms propres donnés aux maisons.

A une époque où les maisons n’étaient pas numérotées, seules les enseignes qui décoraient les immeubles permettaient de les localiser. La numérotation des maisons – comme aussi l’apposition au coin des rues de plaques indicatrices mentionnant le nom de ces rues – semble ne remonter qu’à la période française, et encore, uniquement pour les artères principales de la ville. La première mesure générale concernant le Hainaut nous est donnée par un avis officiel contenu dans le n° 121, du vendredi 16 septembre 1808, du « Mémorial du Département de Jemappes ».

1. PELLES A ENFOURNER avec millésime « 1573 », rue d’Havré n°114.
Enseigne en pierre datée de 1573 et représentant deux pelles à enfourner, croisées et portant chacune trois pains.Cette enseigne provient fort probablement d’une boulangerie de la rue d’Havré.
C’est lors des travaux d’aménagement du Jardin Gustave JACOBS, sculpteur montois, que cette pierre a été retrouvée dans le sol, ayant été utilisée pour paver une remise maintenant démolie, à plus ou moins 10 mètres de la façade arrière de l’immeuble, à proximité du mur de clôture situé à droite. Comment est-elle arrivée là ? Mystère, mais on peut émettre l’hypothèse ou plutôt imaginer qu’elle fut récupérée lors de la démolition d’une maison des environs immédiats endommagée lors d’un des sièges que la ville a subis au cours des 17e et 18e siècles.
Il a été décidé de la reposer à proximité de l’endroit où elle a été retrouvée et elle est maintenant visible sous le porche du n° 114 de la rue d’Havré, sur le mur de droite.
2. A LA GRANDE ROSE, rue de la Poterie n°2.
(Egalement connue sous l’appellation de « A LA MONTAGNE ».
Rose de pierre magnifiquement sculptée constituant un remploi du XVIe siècle. Très riche et raffinée, cette rose très détaillée – on en distingue même les pistils de la fleur – représente un symbole de perfection.
Maison de type tournaisien du XVIIIe siècle. D’après un acte de vente de l’époque, le bâtiment existait déjà avec une enseigne analogue en 1380.
3. AU PISTOLET D’OR « 1711 », rue du Hautbois n°35.

Demi-relief engagé représentant un pistolet sur un panneau aux contours chantournés en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage avec millésime gravé sur un phylactère saillant sous le motif.
Cette maison est un témoin exceptionnel et remarquablement conservé d’une première expression du style classique montois.
4. « AV TROIS VERD CHAPEAVX », rue de Nimy n° 102.
Enseigne datée de 1712 sur le cartouche de l’allège centrale d’une belle maison de type tournaisien avec bandeaux. Elle est ornée de trois chapeaux sculptés et peints dans un feston, cernés de motifs décoratifs gravés.
Le chapeau se déclinait à l’époque sous toutes ses teintes et toutes ses formes.
5. « A LE TROIS BROUET 1714 », rue de Nimy n°72.

Bas-relief représentant trois brouettes en demi-relief comprises dans un motif végétal exubérant et surmontées d’une couronne; il apparaît dans un panneau aux contours chantournés en pierre calcaire intégré à l’allège de la deuxième fenêtre gauche du premier étage.
Maison de type tournaisien.
6. GANT avec millésime « 1718 », Grand Rue n°95.

Enseigne apposée sur une maison dont le volume élancé et la bâtière aiguë prise entre des pignons débordants à épis indique une ossature du XVIIe siècle.

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 2

Cet avis émanant de la préfecture est intitulé : « Cahier des charges du numérotage des maisons du Département ». En voici les éléments principaux :

« Chaque numéro sera inscrit en écusson de 20 centimètres de haut, de 20 centimètres de largeur par le haut ; l’écusson sera bordé d’un liseré de même couleur que le numéro et de la largeur d’un centimètre. Les numéros auront 4,5 centimètres de haut. Les couleurs de l’écusson et du numéro seront : champ jaune, numéros noirs pour Tournay : champ blanc et numéros noirs pour Mons ; champ noir et numéros blancs pour Charleroy. » Le cahier des charges prévoyait également la pose par l’adjudicataire de plaques en fer blanc indicatives des rues ou des sections. Elles devaient avoir une dimension de 25 centimètres de haut sur 30 centimètres de large. (Albert De Haene. Á travers le Mons d’Autrefois. Ed. « La Province » Mons 1936)

7. MILLESIME « MDCCXII », rue d’Havré n°44

Les maisons n° 40 à 50 forment un bel ensemble homogène de cinq habitations, daté de 1712, dont les allèges d’exceptionnelle qualité sont rehaussés de cartouches involutés et contournés, muets ou porteurs d’enseignes sculptées.
8. « A LA CLEF D’OR », rue d’Havré n°44.

Panneau aux contours chantournés en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre droite du premier étage. Bas-relief engagé représentant une clé ouvragée suspendue à un ruban.
Ce bâtiment abritait à la fin du XVIIIe siècle (1786-1797) la maison des orfèvres ABLAY puis ELIAS (1806) qui devint ensuite une pharmacie au milieu du XIXe siècle.
Enseigne restaurée en 1935.
9. « A LA TASCHE D’ARGENT », rue d’Havré n°48.

Panneau aux contours chantournés en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage.
Le mot TASCHE est d’origine germanique et signifie sac, sacoche mais sa forme peut prêter à une interprétation différente : « coussin » comme trouvé chez certains auteurs.
Enseigne restaurée en 1934.
10. « A LA LUNETTE D’OR », rue d’Havré n°50.

Même panneau aux contours chantournés en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. Bas-relief engagé représentant un binocle.
Dans cette maison vécut de 1878 à 1884 le chansonnier et armurier montois Antoine CLESSE. Son père, Jean-François CLESSE, y avait installé une armurerie en 1868.
Mutilée dans sa partie inférieure, elle fut heureusement restaurée grâce au dessin de Albert Dehaene paru dans « A travers le Mons d’autrefois » (Editions du Journal La Province, Mons 1936)
11. « A LA FAUX D’OR 1723 », rue d’Havré n°115.

L’enseigne est un panneau rectangulaire malheureusement bouchardé en pierre calcaire polychromée intégré au centre de l’allège du premier étage. Il est orné d’un bas-relief représentant une faux en léger relief et le millésime 1723.

A la fin du XVIIIe siècle, la maison de style classique montois était tenue par Joseph COWET, marchand de pains d’épices
12. « A LA CLEE ROVGE », rue de Nimy n°96. (1ere moitié du XVIIIe s.)

Ce type d’enseigne était très courant à Mons à cette époque ; il s’agit d’un panneau rectangulaire en pierre calcaire polychromée intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage d’une maison de style classique montois de la première moitié du XVIIIe siècle. Ce bas-relief engagé dans un panneau écorné représente une clef. A l’origine, sans doute était-il polychromé.

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 3

Sous le régime français, au temps de la domination hollandaise et jusqu’à la fin de l’année 1846, la numérotation des maisons montoises n’était pas celle à laquelle nous sommes habitués de nos jours. En ces temps-là les nombres pairs et impairs se succédaient d’un côté de la rue puis de l’autre.

Ce fut le 8 octobre 1846 que notre Administration Communale adopta le système de numérotation que nous employons actuellement. Le bouleversement apporté par la réforme ainsi que les modifications résultant de démolitions, de constructions, d’immeubles nouveaux prenant la place d’un nombre différent d’immeubles anciens, rendent parfois bien difficile, si pas impossible, la reconstitution d’un plan cadastral ancien et l’identification de l’emplacement de maisons connues uniquement par leur enseigne ou leur dénomination.

13. « AU MOUSQUETON D’OR 1726 », rue d’Havré n°122. (1ere moitié du XVIIIe s.)

Panneau rectangulaire en pierre calcaire, intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. Demi-relief représentant un mousqueton. Modeste maison de style classique montois du premier tiers du XVIIIe siècle.
En 1775, cette maison appartenait aux demoiselles ROISIN, rentières, qui l’hypothéquèrent suite à un important emprunt auprès de François Louis MARIN, Seigneur de Thieusies.
14. FONTAINE, rue de Bertaimont n°31. (2e tiers du XVIIIe s.)

Ce demi-relief anépigraphe (sans inscription) représente une fontaine à vasques sur un panneau aux contours chantournés en pierre calcaire qui forme l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. Il est placé sur une maison en pierre de style classique montois du 2e tiers du XVIIIe siècle.
15. A LA COUPE D’OR, rue de la Coupe n°17. (2e tiers du XVIIIe s.)

Cette enseigne est un panneau d’allège du deuxième niveau décoré d’un ciboire sculpté en haut-relief. Elle est placée sur une grande demeure dédoublée à la façade de style classique montois de la fin du XVIIIe siècle.
Autrefois, la rue de la Grande Triperie partait de la Grand’ Place et se terminait à la Croix Place. Il existait dans cette rue un hôtel dit « de la couppe d’or » d’où le nom de la partie antérieure de la rue lorsqu’elle fut scindée en deux.
16. « A LÉ CAILLE D’OR 1750 », rue du Hautbois n°22.

Bas-relief représentant une coquille reposant sur deux palmettes. Enseigne située sur une maison de style classique montois du milieu du XVIIIe siècle, dans un panneau rectangulaire en pierre calcaire polychromée intégré dans l’allège de la fenêtre centrale du premier étage.
17. A LA BALANCE D’OR avec millésimes « 1768 » et « 1873 », rue d’Havré n°53.
Panneau rectangulaire en pierre calcaire aux coins inférieurs écornés intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. Bas-relief représentant une balance.
Le bâtiment est daté de 1768, date à laquelle s’y installe l’huissier DELCOURT, mais l’enseigne sera replacée, avec une nouvelle date, lors de la reconstruction de celui-ci en 1873, dans le style de l’époque. Elle est le seul élément du XVIIIe siècle maintenu en place. 
18. A LA « PAILE D’OR », rue d’Havré n° 72. (Fin XVIIIe)

Bas-relief représentant la pelle du boulanger cernée de motifs végétaux ; élément sculpté sur une pierre saillant sur le cordon. Panneau rectangulaire en pierre calcaire polychromé inscrit au trumeau central du premier étage d’une maison datée par pièce d’archives de 1793.
L’immeuble était déjà cité en 1600 sous la dénomination « A la Pelle d’or » et un boulanger, Jehan WILLAME, occupait déjà ce bâtiment en 1547.
Enseigne restaurée en 1934. 

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 4

Dans les cités moyenâgeuses, les édifices publics étaient connus de tous par leur destination : églises, chapelles, maisons religieuses, hospices ou bien bâtiments tels que « Maison de la paix », devenue plus tard Hôtel de ville, ou encore, Arsenal, Halles, Poids du Roy, etc… Les demeures des nobles étaient désignées par les noms de famille qui les avaient édifiées ou qui y résidaient. Ce furent les hôtels de Boussu, de Chièvres, de Chimay, d’Haverech, de Housdeng, de Verchin, pour ne citer que les premiers en date. Quant aux demeures des bourgeois, elles étaient rendues reconnaissables par une dénomination, par une enseigne. Il est infiniment probable que, dans les débuts, la dénomination seule existait et qu’une représentation graphique ou autre sur la façade de la maison était plutôt rare. Ce ne fut probablement que plus tard, lorsque les maisons en bois gagnèrent en hauteur et surtout lorsque les bourgeois se mirent à construire des maisons en pierre à l’exemple des maisons patriciennes, que la mode des enseignes put se développer.

Aucune enseigne datant de cette époque ne nous est parvenue. La plupart des vieilles enseignes en fer forgé ou en cuivre accrochées aux façades, souvent perpendiculairement, et présentant de ce fait un danger pour les piétons et les cavaliers, ne survécurent pas aux maisons en bois qu’elles ornaient.

19. « A LA POIRE D’OR » avec millésime « 17 89 », rue de Nimy n°3.

Demi-relief représentant une poire suspendue à un ruban sur un panneau Louis XVI en forme de losange en pierre calcaire polychromée intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. La date de 17 89 est gravée de part et d’autre du cartouche d’enseigne. Le millésime de 1862 (ou 60 ou 69 ?) a été ajouté au centre du deuxième étage. En dessous apparaissent les noms DASTOT – MASSART, sans doute les responsables de la restauration. Cette belle enseigne fut redécouverte lors de travaux après la seconde guerre mondiale. 
20 « A LA COURONNE » Grand Rue n°102. (XVIIIe s.)

A l’angle de la rue des Blancs Mouchons, enseigne sculptée en bas relief d’une couronne comtale ornant l’allège central d’une maison du XVIIIe siècle.
21. HOTEL DE LA COURONNE IMPERIALE, Grand Place n°24. (Fin XVIIIe s.)

Ancien hôtel de la Couronne impériale, doublement désigné par une enseigne métallique peinte dans le balcon qui surmonte l’entrée et une pierre sculptée et peinte, logée sous le fronton central. Bâtiment de style Régence-Louis XV avec un décor de coquilles et agrafes asymétriques sur la façade. Attesté sous ce nom avant 1713, l’hôtel fut rebâti vers 1766-1772 sur les plans de l’architecte Emmanuel FONSON.
22. MORTIER ET PILON, rue de Houdain n°10.

Enseigne placée vers 1995 par M. KIEFFER-DESERT, droguiste de son état.
23. LE GROS MAILLET, rue de Nimy n°9

Enseigne moderne d’un magasin d’orfèvrerie « Paquay-Legros ».

LES ANIMAUX

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 5

Avec le temps, la coutume de plus en plus répandue de construire en pierre, puis en pierre et briques, favorisa la généralisation des enseignes de pierre, soit gravées, soit sculptées dans la muraille, soit adossées à celle-ci.

Les destructions massives de l’habitat montois provoquées par l’intense bombardement de l’artillerie française au cours du siège de la ville par Louis XIV ont entraîné la reconstruction de quartiers entiers. C’est à cette époque que presque toutes les maisons en bois disparurent. Car, incendiées, elles ne purent être reconstruites que selon les prescriptions contenues dans l’ordonnance datée du 5 juin 1691 promulguée par l’intendant français Daniel Voisin qui stipulaient entre autres : « Les maisons qui seront rebasties ne pourront être dans leurs faces, du côté des rues, que de pierre de taille et briques couvertes d’ardoises et de tuilles. Faisons deffence de les bastir de bois… Il ne pourra y avoir aucune avance, encorbellement, empiètement, balcons, trompes saillantes ni saillies, hormis celle des architectures, le tout suivant les alignements et desseins qui seront donnés… l ne sera permis de poser aucun auvent, travail, étai ny enseignes, qu’ils n’en avertissent le sieur Levé, architecte du Roy, qui en donnera l’alignement et saillie. » En dehors de quelques rares spécimens plus anciens qui ont survécu, c’est donc, à partir de cette époque que nous trouvons les plus vieilles enseignes ornant les façades de Mons.

24. AU PAON ET AU CYGNE (?), rue des Fripiers n°22. (XVIIe s.)

Motifs anépigraphes figurant chacun au centre d’un petit fronton en pierre calcaire décorant la façade d’une maison étroite en briques et pierre de style baroque, datant du premier tiers du XVIIe siècle. A gauche : le cygne au centre d’une couronne de verdure, à droite : le paon faisant la roue, inscrit dans un écusson.
S’agit-il réellement d’une enseigne ? On peut en douter. Ces motifs sont à peine visibles, sans doute abîmés par la pose jadis d’une devanture en bois.
Au pignon de cette habitation, on peut voir une petite ouverture cintrée à encadrement de pierre frappé d’une clé monogrammée IHS.
Ce bâtiment est peut-être une ancienne maison d’accueil ou un ancien refuge. 


25. « AU BLANC LEVRIER », Grand Place n° 35.

Remarquable maison gothique dont la façade présente de grandes baies jadis à croisées de pierre, datée de 1530 sur une pierre au-dessus du rez-de-chaussée, et désignée par deux chiens sculptés en haut-relief engagé, l’un assis, l’autre debout dans les tympans centraux
L’intérieur des quatre arcs d’encorbellement est sculpté, à gauche et à droite d’un globe surmonté d’une croix ; au centre à gauche un lévrier assis, et à droite un autre debout, avec, sous chacun d’eux, l’inscription « Au Blan Lévrié », car le riche propriétaire, Jehan MALAPERT, dit le Bouvier, voulait fixer dans la pierre l’enseigne de sa demeure. Les trois écoinçons sont ornés d’arabesques de pierre et d’écussons, le central est frappé d’un écu aux armes de Charles-Quint avec le collier de la Toison d’Or et sa devise « Plus Oultre » ; dans celui de gauche on peut voir un perron et dans celui de droite un phylactère qui déroule ses volutes.
La façade classée en 1952 ne sera restaurée que dans les années 1980. L’objectif était de créer une façade adaptée aux fonctions actuelles de l’immeuble, c’est-à-dire une banque, tout en respectant les proportions initiales grâce à l’apport de matériaux comme le verre et le métal. Cette restauration réussie a fait l’objet de plusieurs prix.

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 6

Au XVIIIe siècle, comme précédemment, chaque maison avait son enseigne, qui lui tenait lieu de numéro, et qui fixait son état civil pour les documents officiels comme pour les actes notariés. On se demande, dès lors, à la suite de quelles mésaventures tant d’enseignes datant de cette époque ont disparu, alors que les immeubles qu’elles ornaient sont encore là.

Le vandalisme révolutionnaire détruisit certainement, à partir de 1792, maintes enseignes dont le caractère religieux, monarchique ou autre, n’était pas du goût des Sans-Culottes ou de leurs imitateurs. La peur d’être considérés comme « suspects » incita d’autres montois à faire disparaître tout symbole susceptible d’être rangé avec plus ou moins de vraisemblance dans la catégorie des manifestations réactionnaires, antirépublicaines. Mais la destruction ou la mutilation de la majeure partie de nos vieilles enseignes est surtout due à l’ignorance, au manque de goût des propriétaires, à un certain mépris des souvenirs du passé assez étonnant dans une ville de province aussi jalousement attachée à ses traditions. Elle est due aussi à la totale indifférence, en ce domaine, des administrations communales de la majeure partie du XIXe siècle.

26. « 1689 DE CHATEAU DE LE MARCOTE – RECONSTRUIT EN 1820 », rue des Marcottes n°33.

Panneau en forme de mitre tronquée en pierre calcaire placé dans l’axe au-dessus du rez-de-chaussée ; relief gravé représentant trois belettes courant.
Cette enseigne porte la date de 1689 mais une rajoute précise que cette habitation a été reconstruite en 1820.
Vers 1526, un Montois affublé du surnom de Marcote (belette) aurait fait construire l’habitation qui prit le nom de « Château de le Marcote ».
Et, comme l’écrivait Paul HEUPGEN dans ses Viéseries : « des châteaux, on en mettait partout même sur une façade n’ayant de largeur que 2,90 m » Le Château de le Marcote est, en effet, la plus étroite maison de Mons. 
27. « AU LION D’OR », rue d’Havré n°42. (1712)

Ce panneau aux contours chantournés en pierre calcaire est intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage de cette maison faisant partie d’un remarquable ensemble homogène allant du n°40 au n°50. Malheureusement le motif de l’enseigne a disparu. Cette demeure, qui a été celle d’Antoine CLESSE, poète et armurier montois, fut jusqu’au début du XXe siècle un magasin de toiles et de vêtements.
Magnifique enseigne restée cachée jusqu’en 2015 sous un habillage de vitrine en bois.
28. « AU TROIS HERRENTS – 1723 », rue de Nimy n°83.
Bas-relief taillé en méplat représentant trois harengs en file sur un panneau rectangulaire aux coins coupés en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre centrale du premier étage d’une maison de style classique montois.
29. « AU RENARD 1724 », rue d’Havré n°51.

Panneau rectangulaire en pierre calcaire qui forme l’allège de la fenêtre centrale du premier étage. Demi-relief représentant un renard courant, inscrit sur un panneau écorné, saillant sous l’appui de la fenêtre centrale d’une maison d’angle à la façade en pierre, de style classique montois.
La « Maison du Renard » est déjà citée en 1510 à cet emplacement. L’enseigne dont on ne voyait plus que la partie supérieure a été restaurée en 1977
30. AU CORBEAU, rue d’Havré n°106. (vers 1770)

Ancienne auberge déjà citée en juillet 1454, désignée sur cette grosse maison à double corps d’environ 1770, actuellement divisée, par un oiseau sculpté sur un claveau de la porte cochère à gauche de la clé (environ 1770).
Dès 1767, Pierre FEREZ assurait tous les quinze jours une navette entre Mons, Solre-le-Château et Charleroy au départ de cette auberge. Au début du 20e siècle, Florent DINSART y louait des voitures et des chevaux toujours sous la même enseigne. Cette dénomination est l’une des plus anciennes connues à la rue d’Havré.
31. CHEVAL DORE, rue du Parc n°19 (XVIIe s.)

Au-dessus de l’entrée de cette maison qui remonte au XVIIe siècle, on découvre un arc de décharge en briques à clé en pierre décorée d’un cheval.Cette habitation était renseignée d’après les archives de 1543 sous la dénomination « Au Buef » (bœuf). Par une contradiction curieuse, la pierre sculptée contient maintenant la représentation d’un cheval. Cette enseigne a été restaurée en 1934.

LES PERSONNAGES

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 7

La mode contribua elle aussi à la disparition – ou tout au moins à l’éclipse – de nombre d’enseignes. En cause les badigeons ou autres crépis qui recouvrirent, au cours du XIXe siècle, en couches multiples les maisons élégantes du vieux Mons, voilant ou sacrifiant maintes inscriptions ou gravures dans la pierre, et plus récemment, ce besoin qu’eurent les propriétaires de mutiler ou d’enlaidir leur façade, de faire disparaître ou d’abîmer des sculptures anciennes pour les remplacer par de banales planches de bois peint mentionnant le nom du commerçant ou l’indication de son négoce. Sans parler de l’éventrement systématique, à partir de la fin du XIXe siècle, des rez-de-chaussée de la plupart des maisons des rues commerçantes aux fins de donner une vitrine aux boutiques pour attirer la clientèle.

33. « A LA BONNE FEMME – 1723 », rue Spira n°6.

Enseigne faisant partie du soubassement de l’immeuble situé à l’angle de la ruelle Spira et de la chasse Montignies. Elle était autrefois installée rue de Bertaimont sur la maison d’une sage-femme; l’inscription était surmontée de la représentation d’une femme sans tête.
34. « AU GRAND LABOUREUR », rue de la Clef n°30 (1ère moitié du XVIIIe s.)

Sur cette maison de style classique montois de la première moitié du XVIIIe siècle, une allège centrale à double panneau de pierre rectangulaire porte l’inscription « Au Grand Laboureur ». L’enseigne primitive était « Le Laboureur ».
35. A SAINT ANTOINE, rue de la Coupe n°37. (1ère moitié du XVIIIe s.)

Enseigne en pierre traitée en bas-relief représentant saint Antoine et son cochon assis près d’une chapelle entourée d’arbres.
Il s’agit d’un panneau rectangulaire en pierre calcaire intégré à l’allège de la fenêtre gauche du premier étage d’une habitation de style classique montois de la première moitié du XVIIIe siècle.
Saint Antoine est le patron des charcutiers et des crosseurs.
36. « A LA TETTE D’OR » rue d’Havré n°15
(1ère moitié du XVIIIe s.)

Pierre dont le motif a été buriné, et dont seule l’épigraphie subsiste. Un dessin de Léon Dolez conservé à la Bibliothèque Universitaire de Mons et paru dans « Le Mons d’autrefois » de A. Dehaene nous permet de découvrir les traits de cette tête.
37. A LA TAETE SAINT JEAN », rue de la Clef n°9.

Enseigne située sur une belle maison entièrement en pierre datée « 1766 » dans l’entablement. Au-dessus de la porte, une figure isolée en pierre calcaire taillée en ronde – bosse représente la tête de saint Jean-Baptiste sur un plateau. Le nom de l’enseigne est gravé sur le cordon de part et d’autre du motif. Cette enseigne est actuellement modifiée en « LA TETE SAINT JEAN », regravé et doré.
38

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 8

Les enseignes qui nous sont parvenues sont en pierre taillée généralement constituées d’un panneau sur lequel est représenté un motif ayant un rapport évident ou non avec le commerce qu’il désigne. On remarque que pour 90% des maisons de style classique ou traditionnel, l’enseigne en pierre s’inscrit au dessus de la porte d’entrée, dans le mur sous appui du premier étage, c’est-à-dire sous une fenêtre, généralement celle du milieu, dans l’allège dont elle adopte la forme et les dimensions. Elle est donc intégrée à l architecture qui la supporte, et c’est la raison pour laquelle elle nous est parvenue. Elle est donc, la plupart du temps, de forme rectangulaire et plus rarement carrée. Quand elle ne remplit pas tout l’espace sous appui, elle s’inscrit dans l’allège de laquelle elle se démarque par un panneau en légère saillie à bords droits avec des coins écornés ou non, mais l’enseigne en ronde bosse fait exception à ce principe en s’adossant à un élément de la façade.

Le matériau utilisé est la pierre calcaire, peu coûteuse, de taille aisée donnant un résultat raffiné dont les XVIIe et XVIIIe siècles feront grand usage. D’autre part, les enseignes en pierre consistent en l’expression d’un statut affirmé de manière plus évidente qu’une enseigne en bois ou en métal. Elles étaient certainement colorées, à l’instar du restant de la construction dont les parties en briques, et parfois même celles en pierre, étaient alors enduites et peintes. La dorure occupe évidemment la première place, que ce soit pour le motif central ou l’épigraphie, mais on utilisait également des couleurs.

39. LE LECTEUR, rue d’Havré n°35.

Sur ce cartouche en pierre mutilé, aux coins écornés en quart-de-rond, placé au milieu du registre séparant le rez-de-chaussée du premier étage de cette maison, le motif du lecteur, œuvre du sculpteur COLAS, fut posé en 1990 par monsieur LETO, libraire, à titre d’enseigne de son commerce.
40. AU GROS VISAGE – « 1789 », rue du Miroir n°10.

Sur le panneau central d’allège d’une maison classique, une tête sculptée en macaron, la tête d’un ange joufflu ou une allégorie du vent avec le millésime 1789.
Le cartouche de cette sculpture sans doute entièrement en pierre calcaire polychromée est enduit d’un badigeon uniforme grisâtre.
Décapé, redoré, il semble sourire davantage.
41. « ST FRANCISCUS KRING », rue Masquelier n°31.

Cercle saint François appelé aussi « Maison des Flamands ».
Ce bâtiment attenant à l’ancien couvent des Capucins servait de local à la communauté flamande assez importante autrefois dans notre région (on a recensé dans les années 1960 jusqu’à 500 familles flamandes).
Chaque dimanche matin à 9h30, une messe en flamand était célébrée dans la chapelle du couvent pour cette communauté dont un des pères était l’aumônier. Après la messe, les participants avaient l’habitude de se réunir dans ce local où se trouvaient aussi une bibliothèque et un théâtre.
Ce cercle était tenu par des bénévoles et les bénéfices résultant de la vente des consommations étaient redistribués aux pauvres et aux malades.
42. BLASONS MUETS « 1545 », rue du Miroir n°8.

Au dessus de la porte d’entrée de cette maison construite en 1545 pour David Longhet, le linteau déprimé est rehaussé d’une moulure en accolade dont le fleuron s’appuie sur un phylactère daté et accosté d’écus muets.
43. « 1582 4+ W », rue Masquelier n°14.

Ecu millésimé posé à la clé du portail cintré où s’ouvre la porte d’entrée de cette habitation. 

SYMBOLES

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 9

La grande majorité des enseignes était travaillée en bas ou demi-relief, c’est-à-dire que la sculpture se présente en légère saillie par rapport au panneau qui la contient, ou est engagée dans celui-ci. Ce qui permet de confirmer le rôle d’identification qu’elles remplissaient plutôt que celui de support publicitaire destiné à attirer le client, car bien moins visibles qu’une enseigne placée perpendiculairement à la façade.

Le motif peut être totalement isolé sur son panneau ou au centre d’un ornement stylisé ou non. Il peut aussi s’accompagner d’un millésime gravé, rarement sculpté. Un certain nombre est accompagné d’une épigraphie inscrite soit sur un ruban à passementeries, soit dans un phylactère ou plus simplement sur un bandeau placé sous le motif ou de part et d’autre de celui-ci ou alors à même le panneau. N’oublions pas que ces mentions n’étaient compréhensibles que par une élite alphabétisée, mais elles avaient certainement un impact auprès de la majorité des passants comme élément de prestige car l’écriture était une preuve de raffinement et une marque d’aisance de la part du commerçant. La sentence exprimée identifie complémentairement le motif exprimé, réalisant ainsi une adéquation du texte et de l’image. (Enseignes, images de pierre. Rhaur. Division des monuments sites et fouilles)

44. HOTEL DE VILLE, Grand’Place n°22
La lourde porte à deux battants de l’hôtel de ville est garnie d’une serrure, copie en laiton de l’original en fer forgé datant du 15e siècle conservée dans les musées communaux.
Elle rappelle les armes de Mons qui se blasonnent ainsi : « De gueules au château d’argent à quatre tourelles, dont les deux intérieures portent des guidons d’or et les deux extérieures le globe impérial surmonté d’une croix. De même, ayant au-dessus de la porte les armes du Hainaut et sous la herse, un chien lionné de garde d’argent. Ledit château posé sur une terrasse de sinople, l’écu timbré d’une couronne d’or ».
A côté de l’entrée de serrure qui symbolise l’enceinte de la ville forte, se trouve un heurtoir surmonté d’une bretèche occupée par un ange et dont la partie basse représente une tête de dragon à l’envers.
45. ARMES DE LA VILLE DE MONS, rue de la Clef n°4. (XVIe s.)

Pierre portant les armoiries de la ville de Mons sur la façade d’une habitation de type tournaisien.
Motif inscrit sur une clé pendante intégrée au-dessus d’une porte en pierre du XVIIIe siècle qui servait d’issue au premier théâtre de Mons installé au premier étage de « La Grande Boucherie » datant de 1589, située sur la Grand Place. L’édifice fut démoli en 1841 ou 1842.
Ce blason est le seul vestige connu de ce bâtiment.
46. ARMES DE LA VILLE DE MONS, cour du Petit Marché. (XVIe)

Pierre taillée en demi-relief représentant les armes de la ville de Mons figurant sur une clé d’arc surplombant un ancien passage publique actuellement muré. La Cour du Petit Marché est une placette située derrière la maison portant le n° 83 de la rue de Nimy. Le « Petit Marchiet » existait déjà en 1548, à ce même endroit.
On retrouve les armes de la ville sur de nombreux bâtiments publics.
47. A LA LICORNE, rue d’Havré n°116 (2e moitié du XVIIe s.)

Grosse maison de la deuxième moitié du XVIIe siècle dont la clé de la porte cochère s’orne d’un cheval sculpté dans un écu surmonté d’un heaume.
Ce heaume et ce cheval dressé sont les armoiries de la famille FRANEAU de GOMMEGNIES. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, cet hôtel appartenait à Michel de Liège et ensuite à sa veuve. Ce bâtiment fut le local du Cercle militaire de Mons de 1925 à 1937.
48. COLOMBE DU SAINT-ESPRIT, rue de Houdain n°13. (fin XVIIe s.)

Une des deux seules représentations anciennes figurant sur un balcon existant encore. La colombe en fonte dorée qui orne ce bâtiment fut l’enseigne de l’Hospice du Saint-Esprit ou des Enfants abandonnés, créé en ce même immeuble en 1682 par l’abbé montois François MICHEL dans l’ancien Hôtel des seigneurs d’Hyon, en vue de les recueillir, les héberger ou les placer à domicile chez des nourriciers. MARCEL GILLIS 
49. CARTOUCHE ET BLASON Rue de la Grande Triperie, n°13
(2e moitié du XVIIe s.)

Au dessus de la clé en console frappant l’arc à bossage de ce portail on a disposé un riche cartouche à mascaron couronné d’un soleil. Il est lui- même surmonté d’un écu avec trois figures en forme de croix tenu par deux chiens lionnés grimaçants, couronné et daté de 1701 ?

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 10

La fantaisie la plus absolue présida, bien entendu, au baptême des anciennes habitations. Tout naturellement, l’esprit profondément religieux de l’époque imprima sa marque sur un très grand nombre de ces dénominations : en dehors des ecclésiastiques, en dehors même des aubergistes recrutant plus particulièrement leur clientèle parmi les pèlerins (Auberge Ste-Barbe au faubourg d’Havré ; de l’Ange, rue de la Chaussée ; de l’Ange Raphaël, rue des Juifs ; etc…),beaucoup de particuliers, commerçants ou autres, tinrent à placer leur demeure sous le symbole d’un céleste patron ou d’un objet du culte.

L’enseigne la plus usitée dans cette catégorie, est celle constituée par le monogramme du Christ IHS (Iesus Hominum Salvator) qui se dénommait « Au Saint Nom de Jésus » ; nous la retrouvons dans bon nombre de rues. Puis, ce sont des appellations comme : « A la Croix d’Argent », « A la Garde de Dieu », d’autres comme « A Sainte Waudru », « Au Grand Saint Pierre », « A Saint Eloy », « A Saint Joseph », « A Sainte Christine », etc…

51. «16 IHS 93 », rue des Groseilliers n° 38. (1693)

Même type d’enseigne sur la clé surmontant la porte de cette modeste maison. Celle-ci est datée de 1693.
52. « BF IHS IL », Grand-rue n°104. (1ère moitié du XVIIIe s.)

Sur la façade de cette maison d’angle de style classique montois de la 1ère moitié du XVIIIe siècle, allège à cartouche de pierre sur chant de briques marquée du monogramme du Christ sommé d’une croix et surmontant un coeur transpercé par trois clous, symbole de la crucifixion, le tout entouré des initiales des propriétaires.
53. « IHS », rue de Nimy n°71. (XVIIIe s.)

Petit édifice du XVIIIe siècle dont la porte cochère en plein cintre présente une clé avec le christogramme « IHS » sur un écu. Sur celui-ci ne figurent que les trois clous de la crucifixion, considérés à l’époque comme l’expression des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
54. « IHS », rue de Nimy n°89 (2e moitié du XVIIIe s.)

Dans l’allège toute en pierre surmontant l’entrée de cet immeuble de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, enseigne de type « Au Saint Nom de Jésus ». Motif sculpté très bien conservé s’inscrivant dans un soleil.
55. « A LA VILLE D’AVESNES – 1724 », Grand rue n° 70.

Sur une allège en pierre calcaire sous l’appui de la fenêtre centrale du niveau supérieur, un panneau aux contours chantournés montre une figuration de la ville d’Avesnes traitée en bas-relief.
56. « 1766 LA CROIX D’OR », rue d’Havré n°117.

Pierre calcaire sculptée avec une croix dont les bras se terminent en fleur de lys stylisée.
Maison de type tournaisien construite en 1706 dont il ne reste que le premier étage. Le rez-de-chaussée et le deuxième étage ont été transformés au XXe siècle.
Cette enseigne a été restaurée avec soin en 2006

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 11

Marchands et artisans se choisirent bien souvent des enseignes rappelant leur commerce ou leur métier. Hôteliers ou aubergistes adoptèrent maintes fois des dénominations empruntées à des établissements en vogue dans d’autres villes.

Rentrent dans ces catégories, des désignations telles que : « A la couple de Bécasses » (auberge), « Au Trois Verd Chapeaux », « Au Flacon d’Or », « Au pot d’étain », « Au Grand Faisan », « A la Botte Romaine », etc…

Les légendes du passé, les traditions locales, parfois les allusions, les rébus, ou les mots plaisants, ou bien tout simplement la fantaisie quelque peu échevelée d’habitants peu moroses ne furent pas étrangers à la naissance d’appellations autant poétiques que pleines de charme.

57. « AU PARADIS », rue de Nimy n°25. (2e quart du XVIIIe s.)

Enseigne apposée sur une maison de style classique montois du deuxième quart du XVIIIe siècle. Les linteaux des fenêtres s’ornent de panneaux rectangulaires en léger relief portant l’enseigne au 1er registre dans la pierre centrale.
58. CROIX, PLUME, PINCEAU, rue Terre du Prince n°3

Baie d’imposte carrée ornée d’une ferronnerie élégamment contournée où se croisent, sur un fond cerclé, un pinceau et une plume d’oie accrochés à une croix.
Cette enseigne fait sans doute référence au chanoine Puissant, humaniste, protecteur du patrimoine architectural et artistique, qui vécut dans cette maison qu’il appelait sa « gayole à pinchons ».
59. LOGE MAÇONNIQUE, rue Chisaire n°2. (fin XIXe s.)

Ornements à caractère symbolique figurant sur la façade de la loge maçonnique « La Concorde » ou « Parfaite Union » construite en 1890 par l’architecte Hector Puchot.
59. LOGE MAÇONNIQUE, rue Chisaire n°2. (fin XIXe s.)
60. « A LA CROIX D’OR – 1936 », Croix place n°3.

Autrefois sur la Croix-Place se tenait le marché au filet et au lin. Son existence est attestée par des actes du XIIIe siècle mais la qualification de « Crois en l’Esplace » n’apparaît qu’en 1399.
L’enseigne fait référence à la croix de pierre qui se dressait au milieu du carré formé par la Croix Place et qui déterminait la limite de la juridiction d’Havré.
Ce genre d’ornement décorait au Moyen Age un certain nombre de rues et carrefours à Mons.
61. “THE BOOTLE ARMS”, rue de Nimy n°14

Le nom de cette taverne a pour origine le jumelage, le 20 juin 1964, de la ville de Mons avec la ville de Bootle appartenant maintenant à l’entité de Sefton en Angleterre.
Une représentation du blason de cette ville est visible à la place de Bootle.

FOLKLORE

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 12

Dans l’étude publiée en 1859 dans le tome II des Annales du Cercle Archéologique de Mons par le très érudit Léopold Devillers, relevons quelques-unes de ces enseignes parmi les plus curieuses : « Au Durmené » (estaminet, Grand-Place n°8), « A la Jambe de Fer », au n° 46 de la rue de la Coupe ; « Au Jambon de Bois, on loge à pied », auberge, rue des Epingliers n° 12 ; « Au Moriane » (enseigne de la maison de tabac Poulain-Delvaux représentant un «moricaud» (en wallon liégeois môriane) fumant la pipe et tenant à la main un cône ou carotte de tabac), 12 rue de la Chaussée ; « Au Patacon », rue de la Clef n°16 ; « Au Perroquet Couronné », « A la Bourse Vide », « A la Truie qui file », rue d’Havré ; « A la sirène de Mer », rue de la Clef ; « Au Chaud Caillou », « Au lièvre Courant », rue du Hautbois ; « A la Peine perdue » (dans la rue du même nom, enseigne qui représentait un barbier savonnant un noir et s’efforçant de le blanchir), « A la Tour Jolie », au Petit Marché ; « A la Grande Ecritoire », rue de la Coupe ; « Au Dromadaire », rue des Fripiers ; « Au Fer de Charrue », « Au Rouge Cœur », rue Notre-Dame ; « A la Corne de Bœuf », Croix-Place ; « A la Bonne Moutarde », « Au Lettrier », rue des Juifs ; « Au Cœur sur l’Eau », rue du Trou Oudart ; « A la Noire Teste », « Au Pied Blanc », A la Garde de Dieu », Grand-Rue ; « Au Cœur Joyeux », rue de la Petite Guirlande ; Au Boulduc », rue de Cantimpret ; « A la Paix de Cœur », au Béguinage, « Au Cheval Volant », « Au « Papegay verd » (perroquet en Néerlandais), « Au Grand Ange », « Au Petit Ange », rue de la Chaussée ; « A l’arbre Secq », rue des Telliers ; « Au Verd Galant », « A la Rose d’Amour », place du Parc, « A la Bonne Femme », n°8, « A la Dogresse » – 1735 n°42 de la rue du Parc.

62. AU DRAGON, rue des Viaducs n°66, Nimy

Enseigne en forme de dragon ailé marchant sur une lance. Auparavant, cette enseigne figurait au dessus de la porte d’entrée de la poêlerie située au n° 33 de la rue de la Clef.
Restaurée pas l’association des Montois Cayaux, elle a été offerte au Musée du Doudou où elle figure désormais.
79. « AU PATAGON 1649 »
Cette enseigne serait à l’origine celle d’un cordonnier espagnol (el patagon est une monnaie espagnole).
Elle présente en son milieu une croix de Saint André surmontée d’une couronne à laquelle est suspendu le symbole de la Toison d’Or entouré des mots : REX.PHIL.IIII D.G.HISP.ET.INDIAR.
79. « AU PATAGON 1649 »
80. « AU PETIT PATACON 1677 »

Cette enseigne était celle d’un commerce de pharmacie, droguerie, herboristerie, installé rue Notre-Dame et qui a cessé ses activités en 1965, lors du rachat de l’immeuble par le CPAS de Mons.
81. « AU DRAGON D’OR 1739 » (rue de Nimy n°62).
Copie en plâtre et dessin d’une pierre conservée par son propriétaire et qui ornait, dès 1739, une auberge au n°62 de la rue de Nimy.
81. « AU DRAGON D’OR 1739 » (rue de Nimy n°62).

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 13

L’or, ce métal si rare, s’étalait généreusement dans les titres et sur la représentation de centaines d’enseignes de l’ancien temps : Aigle, Aulne, Bocquet, Branche, Cordon, Cornet, Chaudron, Couppe, Clef, Ecaille, Escafiotte, Etoile, Faulx, Flacon, Horloge, Lion, Moule, Mousqueton, noyau, Paon, Poire, Porc, Singe, Tortue, etc… tout était d’or, jusqu’à « La Potence d’Or » (auberge au coin des rues d’Havré et des Groseillers).

Il est fort dommage que toutes ces jolies appellations aient disparu de nos jours car elles mettaient sans doute une certaine gaieté dans les rues de la cité, dénotant beaucoup de joie de vivre chez nos aïeux. Pour beaucoup, on serait amené à se demander par quelle intime sollicitation elles ont été inventées, quelle transcription personnelle elles voulaient apporter. On ne le saura sans doute jamais.

82. « AU ST LUC »

Enseigne en métal peint datant du 18e siècle.
Elle provient de la maison de l’artiste peintre André AUQUIER.
83. AU MORIAME
Enseigne de la Maison du tabac POULAIN-DEVAUX, installée autrefois à la rue de Nimy. Elle représente un « Moriané » fumant la pipe et tenant à la main un « Cône ou Carotte » de tabac.
Découvert en Amérique par Christophe COLOMB, le tabac fut introduit en Espagne au 16e siècle. Son commerce se développe en Europe durant le siècle suivant. Le débit de tabac est presque toujours signalé par la « carotte ou cône » ou par les « Moriané ».
84. « L’ORANGIER »

L’original de cette enseigne se trouvait à la rue de Nimy n°7. Il a disparu en 1977.
85. « AU PEIGNE D’ARGENT »

Copie en plâtre d’une enseigne apposée autrefois sur la façade d’une épicerie installée au numéro 60 de la rue d’Havré.
86. « A LA FAULX D’OR »

Provient d’une maison située rue d’Havré.
87. « AU CORNET D’OR »
Pierre provenant d’une maison disparue qui était située au n°62, à l’angle de la rue du Hautbois et de la rue d’Havré.

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 14

Dans son étude de 1859, Léopold Devillers a relevé soigneusement toutes les vieilles enseignes encore existantes à son époque ; il en a dressé un tableau comportant 76 noms et a complété cette liste fort brève par la longue énumération de centaines d’enseignes déjà disparues. Quelques années plus tard, entre 1869 et 1871, le montois Léon Dolez reproduisit les enseignes encore apparentes et quelques unes dont il se souvenait. Ses dessins sont heureusement conservés à la bibliothèque de l’université de Mons. Parmi celles-ci, force est de constater que nombre d’entre elles ont encore disparu. Après lui, en 1914, l’historien hennuyer Emile Dony y consacra quelques lignes dans son ouvrage traitant des « Maisons montoises portant une date », puis Paul Faider et Henry Delanney en firent mention dans leur ouvrage paru en 1928 à l’occasion du congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique qui tint ses assises en notre ville, mais ils n’en mentionnent que 25.

Après eux, le montois Paul Heupgen, qui s’est beaucoup attaché à l’histoire de notre ville a établi à son tour la localisation d’un grand nombre de maisons désignées par une enseigne. Un autre Montois, André Auquier, peintre de son état, dont le père réalisa au cours du XIXe siècle un certain nombre de peintures sur bois ou sur métal pour en faire des enseignes, sujettes de par leur nature même à d’inévitables dégradations, a conservé les dessins originaux de toutes celles que lui et son père ont réalisées. En outre, il a établi une liste de toutes les enseignes de la seconde moitié du XIXe siècle, liste qui a fait l’objet d’une communication au Cercle Archéologique en avril 1929.

88. « AU MOULIN D’ARGENT »
89. « N° 38 » L’ECRIVAIN PUBLIC
Enseigne en bois peint d’un écrivain public.
Ce métier très prospère jadis est tombé aujourd’hui dans l’oubli.
90. A SAINTE BARBE
Sculpture en forme de tour.
91. « AU ST ELOI »
Enseigne en métal peint datant du 19e siècle.
Elle provient de la forge des ateliers VERYDT de Mons.
92. A LA BOTTE ROYALE

Enseigne en métal d’un commerce situé autrefois à la rue de la Chaussée.
93. CÔNE DE TABAC

Carotte ou civette tels étaient les autres noms de cette enseigne de magasin de tabac en forme de double cône.
La carotte de tabac était la forme sous laquelle celui-ci était autrefois vendu et dont il fallait râper les extrémités pour obtenir les brins. À fumer ou à chiquer.
Le mot civette vient de ce petit carnivore dont la sécrétion est utilisée en parfumerie mais aussi dans la fabrication de cigares.

LES ENSEIGNES REMARQUABLES DE MONS 15 & FIN

Albert Dehaene, n’ayant pas souhaité parler des enseignes « plus modernes, dont le caractère purement commercial n’avait plus, comme jadis, un but de désignation, d’état civil assigné à une maison à l’époque où celle-ci n’était pas numérotée », ne fait plus état que de 34 enseignes en pierre, 2 peintes sur bois ou métal, et 2 en métal.

Pour notre part, nous avons relevé une soixantaine de ces anciennes enseignes, en plus de la quinzaine en bois ou en métal conservée dans les musées communaux ; ce qui prouve une réelle prise de conscience de nos jours quant à la préservation de ce petit patrimoine local. Aussi, restons vigilants pour éviter désormais que l’un ou l’autre propriétaire ignorant ou irrespectueux n’en vienne à infliger à sa façade des transformations destructrices ; car si elle n’est pas classée, il est entièrement libre de la mutiler, de la démolir en tout ou en partie, ou, pour ce qui nous occupe, d’enlever ou recouvrir une enseigne datant d’un ou de deux siècles. Puisse ce petit guide contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine.

94. AU BERCEAU BLANC

Enseigne du commerce de Monsieur KAIVERS, tapissier-garnisseur installé à l’angle de la rue de la Chaussée et de la rue des Fripiers.
A sa mort, en 1921, sa femme installe peu à peu un commerce de jouets qui sera par la suite exploité par ses deux filles jusqu’en 1977.
« MUSEE CHANOINE PUISSANT »
22 rue Notre-Dame Débonnaire.
Ensaigne du musée qui abritait les collections profanes et religieuses léguées en 1934 à la Ville de Mons par le chanoine et qui est fermé depuis de nombreuses années.
L’enseigne a disparu, arrachée par un camion .
Cette enseigne fut sauvée de justesse par les Montois Cayaux lors des travaux de transformation du café de la Grand Place sur lequel elle se trouvait.
Le café du Mouton Blanc continuait la tradition de l’ancienne Maison du « Mouton », déjà citée sous ce nom dans un acte du 20 octobre 1416.
96. MUSEE JEAN LESCARTS

Enseigne en fer, volante, suspendue à une potence ; elle a été dessinée en 1934 à la suggestion de Paul HEUPGEN par le général Albert DE HAENE, érudit historien, grand ami de Mons.
Elle évoque les deux principaux éléments du folklore montois : le dragon et le singe du grand-garde ; celui-ci se gratte malicieusement le crâne en équilibre sur la queue du monstre…
Elle était placée à l’entrée du musée de la vie montoise installé dans l’ancienne infirmerie du couvent de la Congrégation des Filles de Notre Dame.
L’objectif de ce musée est de réunir des collections d’art s’organisant autour de thèmes de la vie montoise et de son folklore, assistance publique, enseignes, dévotion populaire, poids et mesures.
Cette bâtisse, bijou d’architecture, toute de brique et de pierre bleue, ornée d’ancrages est remarquablement conservée. Sa façade porte le millésime 1636.