Le CAP présente « Le surréalisme : bouleverser le réel », qui se tiendra du 19 octobre 2024 au 16 février 2025 au musée des Beaux-Arts de Mons. À l’occasion du centenaire du surréalisme, cette exposition offre une exploration inédite de l’histoire du mouvement en Belgique à travers le prisme de son rapport à la société.
Peut-on encore, cent ans plus tard, percevoir les enjeux fondamentaux du mouvement surréaliste, toucher du doigt sa nature profondément subversive ? C’est la question que pose cette exposition, dont le commissariat est assuré par Marie Godet, Docteure en histoire de l’art. « Le surréalisme : bouleverser le réel » replace le mouvement dans le positionnement spécifique qu’il a revendiqué : entre la sphère artistique et la société.
Le surréalisme en Belgique naît avec la notion d’objet bouleversant, qui manifeste à la fois un refus de l’art et une recherche d’impact sur la réalité. A partir de ce point de départ, l’exposition suit le fil de l’objet à travers les décennies. Elle offre ainsi une perspective novatrice sur la question de l’objet surréaliste, qui n’a jamais été mise en lumière sous forme d’exposition en ce qui concerne la Belgique.
Paul Nougé explique que, pour que l’objet puisse agir sur le public, il faut le montrer de manière efficace ; pour y parvenir, il conseille de « s’adresser aux escrocs, aux coquettes, aux gens de foire et de commerce ». Dès lors, l’exposition propose d’examiner la façon dont les surréalistes des années 1920 et 1930 s’inspirent, entrent en dialogue et subvertissent à la fois l’imagerie publicitaire, les affiches électorales et autres messages destinés au grand public. Dans l’après-guerre, la situation change radicalement : la société s’approprie désormais le surréalisme, et la figure de Magritte en particulier, tandis que l’objet est au centre de la nouvelle scène artistique. Dans ce contexte qui préfigure celui que nous connaissons aujourd’hui, la charge subversive du surréalisme peut-elle encore être sensible ?
A travers un vaste panorama constitué de peintures, d’écrits, de photographies, et d’objets de plus de trente artistes, cette exposition montre le surréalisme en Belgique comme il ne l’a jamais été. Elle met au premier plan des questionnements déterminants dans l’histoire du mouvement qui n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent, tels que les débats autour de la diffusion et de la commercialisation des créations surréalistes. Cette approche permet de relire avec une perspective nouvelle les périodes les plus connues du mouvement, les années 1920 et 1930, mais aussi de découvrir les créations des décennies suivantes, synonymes de remises en question, de confrontations et d’extraordinaires renouvellements.
Cette exposition est étroitement liée à l’axe urbain et sociétal de l’art, promu par le CAP (Culture Art et Patrimoine), un complexe muséal de Mons inauguré en avril 2024. Cet événement s’inscrit également dans la lignée des grandes expositions que l’institution a consacrées au surréalisme, telles « Le surréalisme en Belgique 1924-2000 » (2006), « Giorgio De Chirico – Aux origines du surréalisme belge » (2019) et « Joan Miro » (2022).
L’objet surréaliste éveille depuis plusieurs années l’attention des institutions muséales internationales ; pourtant, aucune exposition n’a encore été consacrée à ce sujet, tel qu’il se dessine en Belgique. Or la question de l’objet est au cœur de la définition même du surréalisme. Elle est directement liée à la recherche d’impact social qui caractérise le mouvement. L’exposition retrace l’histoire de l’objet (trimensionnel, mais aussi dans la poésie, la peinture, la photo, le collage et le film) au sein du surréalisme des années 1920 et 1930, puis dans la nouvelle société de consommation qui se développe dans l’après-guerre. Elle met particulièrement en exergue les rapports pluriels entretenus par le surréalisme avec l’imagerie commerciale. Suivre le fil de l’objet offre ainsi une nouvelle perspective sur le mouvement surréaliste dans sa globalité.
Jane Graverol, Le Regard, huile sur toile, 1973 © Sabam Belgique 2024
Marcel Mariën, Crime et récompense, objet, 1975. Collection Retelet © Sabam Belgique 2024Marcel Mariën, Vivre sa vie, 1970, objet, 57,5 x 87,5 cm. Collection privée. © Sabam Belgique 2024
Rachel Baes, Le Retable, Huile sur toile, 1960
Marcel Mariën, La Marque déposée, objet, 1991. Collection privée © Sabam Belgique 2024
Marcel Mariën, Le Fils de l’enfant, objet, 1975. Collection Retelet © Sabam Belgique 2024